Elle se prénommait Angélique.
Une blondinette de 4 ans, les joues bien rondes, les yeux bleus très coquins et rieurs.
Cet après-midi là, elle s'était installée dans le coin bibliothèque.
Assise sur des coussins, prête à savourer ce moment magique...
Pour se sentir moins seule, elle avait emporté un poupon en tissu qui lui servait d'auditeur. Elle lui lisait (ou racontait) à mi-voix, chaque album.
Ces albums, disposés sur les quatre étagères de rangement, s'amoncellaient, les uns après les autres, en un tas informe autour d'elle.
Passé un moment, Angélique escaladait ce tas pour atteindre l'étage supérieur de la bibliothèque.
Là, je m'interposais et lui demandais de ne pas grimper sur les livres, qu'il était important de ne pas les abîmer, de les respecter... etc...etc... mon "refrain" habituel sur l'importance que j'attachais aux livres... détenteurs de ce merveilleux pouvoir qu'est la lecture...
Angélique ne semblait pas m'entendre.
Je lui demandais de ranger ceux qui avaient été lus avant d'en choisir d'autres. Elle se mit donc à entasser les albums, de-ci de-là, à l'endroit, à l'envers, n'importe comment, sur les étagères.
Je la laissais "ranger" à sa façon... et n'intervenait qu'à la fin de cette mise en ordre très personnelle...
"Dis-moi, Angélique, es-tu contente de ton rangement ?"
"Ben, ouais !"
"Quand tu es arrivée à la bibliothèque, tout à l'heure, tu as trouvé les livres disposés de cette façon ?"
"Ben... (petite pause) non !".
"Alors, on va les remettre comme ils étaient. D'accord ?"
Je saisissais les albums par paquets et les reposais sur le sol, d'un mouvement légèrement énervé...
Et là, j'entendais Angélique qui ponctuait mes gestes par:
"Qué bordé ! Qué bordé ! Mais qué bordé !!!"
Ce qui voulait dire en français: "Quel bordel ! Quel bordel ! Mais quel bordel !"
Je sentais ma tension artérielle descendre à une vitesse fulgurante... pour se transformer en un rire étouffé.
Eh ! oui, dans ce village, la population s'exprimait en picard de génération en génération... mais un picard très, très personnel... tout comme le rangement d'Angélique...
Le petit picard baigne tant dans un langage particulier que dans d'habituelles retrouvailles autour d'un verre ponctuant l'après-midi et annonçant une soirée animée...
RépondreSupprimerAuusi, lorsque je demande dans la classe "comment s'appellent les petits du lapin ?", "lapereaux", le petit T et la petite N (4 ans) s'écrient en choeur : "ah ouais, comme l'apéro !!!"...
Oh !!! Karo, Tu m'as fait rire... Il faut noter toutes ces expressions bien d'chez nous...traduisant un niveau langagier très fleuri et imagé.
RépondreSupprimerAllez, tu nous r'mets ça ???
min grand tiot quand il était tiot, le levier de vitesse ,il appelait ça un lévier d'vitesse, céti un tiot molé d'picard?
RépondreSupprimerCette petite fille est toi, moi non?
RépondreSupprimeril faut préserver tous les patois c est ce qui fait vivre notre belle langue
RépondreSupprimer"Alors qui explique le terme 'étonné' ? ... Oui Léa ?"
RépondreSupprimer"Ben étonné c'est quand il y a deux élèves de plus de la CLIS qui
viennent, on t'a pas prévenu, alors t'es ETONNE !"
J'ai trouvé la réponse de Léa super belle, ben oui elle a raison hein mon Lenny?
RépondreSupprimerMerci de m'avoir fait remonter le temps !
RépondreSupprimerQué bordé !